top of page
  • Photo du rédacteurAudrey Le Tarnec

Comment Se Réapproprier son Corps après un Viol ?

« Effraction », « intrusion » : des mots forts utilisés par les victimes de violences sexuelles pour décrire cette atteinte à leur intégrité physique. En s’octroyant le droit de disposer du corps d’une personne sans son consentement, l’agresseur s’en prend directement à son identité profonde. Le traumatisme est tel que la victime ressent alors le besoin de déserter ce corps qui l’a trahie, qui n’a pas su résister face à la violence du choc. Elle le nie, le rejette, l’entrave dans ses expressions. Pourtant, elle doit apprendre à l’habiter de nouveau pour se reconstruire. Mais comment faire ? Comment se réapproprier son corps après un viol ?


Se reconnecter à son corps après un viol ou une agression sexuelle

Parler du traumatisme sexuel pour se réconcilier avec son corps

Il est souvent extrêmement difficile pour une victime de violences sexuelles d’évoquer son expérience traumatique. Peur de revivre l’événement, de ressentir l’intensité de ses blessures. Pudeur, honte, incapacité à trouver les mots justes pour dire l’indicible… Ainsi, elle peut garder le silence pendant des mois, des années, voire des décennies. Elle enfouit ce secret dévastateur au plus profond de son être. Survivre à tout prix, en se détachant de ce corps qui la fait tant souffrir. Continuer d’avancer, en ignorant les répercussions physiologiques de ses émotions refoulées. Faire taire ce corps qui s’exprime, mais qu’elle ne veut écouter. C’est ainsi, par la mise en place de ce mécanisme neurobiologique de dissociation du corps et de l’esprit, que peuvent se développer, au sein même de son organisme, tout un tas de troubles psychosomatiques.

Son prédateur ne s’est pas seulement emparé de son intimité, il lui a pris également son identité. Chacune des vibrations de son être n’est plus que le reflet de l’acte violent qu’elle a subi. Alors, comment peut-elle envisager de prendre soin de ce corps qu’elle a tout simplement cessé d’habiter au moment du traumatisme ?

Pour évacuer ce qui la ronge de l’intérieur, et donc se réapproprier son corps après le viol, il est essentiel, au moment où elle se sent prête, de libérer ses angoisses par la parole, d’extérioriser sa colère. Parler, raconter, nommer. Porter plainte. Se décharger d’un sentiment de culpabilité injustifié et aliénant.


Se réapproprier son corps après un viol ou une agression sexuelle

Retrouver des sensations

Le corps n’oublie rien. Chaque vécu traumatique le marque d’une empreinte indélébile. À la suite d’une agression sexuelle, deux cas de figure opposés peuvent se présenter. Soit le corps reste complètement figé, et il ne réagit plus aux stimuli sensoriels. On finit alors par se sentir totalement étranger à son propre corps, on est comme dépossédé de soi. Soit il développe une hypersensibilité, et les émotions sont décuplées. La souffrance est alors telle qu’on va chercher à l’annihiler (usage de drogues ou alcool par exemple) ou la remplacer (automutilations, conduites à risque…). Dans les deux cas, le corps se trouve en proie à des déséquilibres sensoriels importants. Il convient alors de dissocier ce qu’il ressent dans le présent de ce qu’il a ressenti au moment du choc traumatique. Pour se réconcilier avec son corps après un viol, il faut décider de faire de lui un allié, un moteur, et non plus un ennemi. Pour ce faire, trois solutions complémentaires sont proposées ici.


1- Remettre son corps en mouvement

Le sport est une thérapie aux multiples vertus. À la suite d’un trauma sexuel, il est particulièrement recommandé pour trois raisons :

  • il permet de dénouer les tensions musculaires induites par la somatisation ;

  • il participe au renforcement physique du corps — et favorise de ce fait la confiance en soi — ;

  • il incite à la focalisation de l’attention sur les facultés et les limites du corps.

Sports de combat, course à pied, musculation… : tout est bon à prendre, l’essentiel étant de canaliser ses émotions, et d’offrir à son corps l’impulsion capable de lui prouver qu’il est bel et bien toujours en vie.

2 - Ancrer son corps dans l’ici et maintenant

Les disciplines douces, telles que la méditation ou le yoga, permettent de reconnecter son corps à l’instant présent, en faisant abstraction des réflexes émotionnels construits sur la violence du choc traumatique. L’ancrage induit par les techniques de respiration consciente est particulièrement efficace pour se sentir en harmonie complète avec son corps. Apprendre à l’aimer de nouveau. Mobiliser son attention pour le choyer à chaque instant.

3 - Redécouvrir le contact physique bienveillant

Les massages constituent une option particulièrement intéressante pour se réapproprier son corps après un viol. En effet, ils réintroduisent en douceur la perception d’un contact physique chaleureux. Ainsi, les verrous émotionnels engendrés par le traumatisme prennent le temps de céder un à un. L’Autre n’est plus représenté instinctivement comme un potentiel prédateur, il redevient petit à petit digne de confiance.



Désactiver ses mémoires traumatiques pour se reconstruire après un abus sexuel

Après avoir subi un inceste, un acte de pédophilie ou toute autre agression sexuelle, notre corps enregistre une mémoire traumatique de cet événement. C’est-à-dire qu’il garde en mémoire l’ensemble des éléments sensoriels ressentis pendant l’épisode tragique : les sons émis par l’agresseur, les odeurs présentes dans la pièce, etc. Si aucune psychothérapie n’est entreprise, ces mémoires traumatiques continuent de nous hanter, et déclenchent en nous des émotions très vives chaque fois que nous sommes confrontés à un son ou une odeur similaires. C’est ce que l’on appelle le syndrome de reviviscence. Nous ressentons alors un fort sentiment d’insécurité, marqué par une tension musculaire importante, une augmentation de notre rythme cardiaque, l’apparition de sueurs froides, etc. Ces manifestations physiologiques, associées au choc traumatique mais inadaptées aux situations de la vie courante, sont symptomatiques d’un état de stress post-traumatique. Elles peuvent conduire à des attitudes perpétuelles d’évitement, ou à des comportements irrationnels d’hypervigilance. Pour aller plus loin, je vous invite à consulter cette page élaborée à partir des travaux du Dr Muriel Salmona sur la mémoire traumatique.

Dans le cadre d’une thérapie psychocorporelle, le praticien peut nous fournir un accompagnement professionnel pour transformer nos mémoires traumatiques en mémoires autobiographiques. Ce processus consiste à redonner une temporalité cohérente aux événements : rendre au passé ce qui est au passé, offrir au présent ce qui est au présent. Refuser de se laisser envahir par les émotions du passé. Accueillir et ressentir les émotions du présent. Comprendre et percevoir avec justesse dans l’instant ce qui est bon pour soi.



Redéfinir sa sexualité pour se réapproprier son corps après un viol

La sexualité reste la chose la plus difficile à appréhender pour une personne qui a été victime d’abus sexuels dans le passé. De surcroît, la somatisation peut avoir engendré, là aussi, de nombreux troubles physiologiques — dyspareunie ou vaginisme chez la femme par exemple —, compliquant encore davantage le retour à une sexualité « normale ». Dans tous les cas, il est primordial d’écouter son corps et de ne pas se précipiter. La masturbation peut, par exemple, être une excellente première étape dans la reconquête de son corps après des violences sexuelles. Redécouvrir les sensations de plaisir en solo. Expérimenter et identifier ce qui nous fait réellement du bien. Se préparer doucement à retrouver une sexualité positive à deux. Afin de se réapproprier complètement son corps après un viol, il est très important de s’affranchir des clichés que l’on a intégrés, depuis l’adolescence, sur la définition et la nature des rapports sexuels. Non, la pénétration n’est pas — et n’a jamais été — une finalité fondamentale dans l’acte sexuel. Oui, on peut tout à fait avoir une sexualité complète, épanouie et « normale » en explorant de nouvelles voies érotiques. Le terme « préliminaires » est d’ailleurs de plus en plus remis en cause dans son acception même, car il sous-entend qu’une suite est nécessaire pour assurer la complétude d’un rapport sexuel… Ce qui bien sûr est totalement faux !



se reconstruire après un viol ou une agression sexuelle

Se reconstruire après un viol (ou tout autre abus sexuel) n’est pas une chose facile. De nombreux professionnels, spécialisés dans l’accompagnement des victimes de violences sexuelles, sont là pour vous aider. Les thérapies psychocorporelles sont particulièrement recommandées pour identifier et mobiliser vos ressources intérieures, et vous mener ainsi vers une guérison dont vous seul serez l’acteur. Découvrez en détail le programme thérapeutique proposé par Audrey Le Tarnec à Bayonne dans les Pyrénées Atlantiques.


5 026 vues0 commentaire

Posts récents

Voir tout
bottom of page