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Photo du rédacteurAudrey Le Tarnec

Le Viol Intraconjugal : silencieux et douloureux

Comment reconnaître une relation sexuelle non consentie dans son couple ?


L’amour est le rempart qui maintient les coups à distance. Ne pas désirer son ou sa partenaire est inconcevable pour une majorité de la société. Pourtant, les draps camouflent souvent le souvenir d’abus perpétrés sous l’étendard de la passion. L’agresseur ne disparaît pas, il se cache sous le visage d’un être adoré, quelqu’un avec qui le futur était tracé. Les doutes surviennent et surtout, ceux envers soi-même. Ne devrait-on pas plutôt se soumettre, après tout, n’est ce pas normal et fluctuant, le désir ? Le viol intraconjugal est un concentré de honte, de silence, d’oubli et de souffrance pour celui ou celle qui le subit. Une seule envie persiste : tourner la page sur la mémoire d’un corps endolori. Cet article existe pour vous aider à comprendre les mécanismes qui s'opèrent et pour vous permettre de vous croire, vous, face aux violences, aux agressions et aux abus du couple, qui se taisent.




Reconnaître le cycle de la violence dans son couple

Une expérience traumatique au sein d’une relation amoureuse s’inscrit dans un rapport de force asymétrique et figé entre les deux partenaires. Le vécu est soumis à une répétition inlassable qui bouleverse l’intimité et l’identité. Un refrain sans mélodie qui peut conduire à un abus conjugal inavouable. À quoi ressemble-t-il ?


  • Le calme avant la tempête

Aujourd’hui les oiseaux chantent, les caresses sont douces, les regards attendris. Vous appréciez la compagnie de votre moitié comme un pansement plein de gratitude sur les douleurs de la vie. Quelques sourires s’échangent et vous retrouvez dans la commissure de ses lèvres l’attirance qui vous a fait chavirer. Ce moment, précieux, vous le gardez comme un trésor. Vous savez qu’il ne durera pas.


Bientôt, ses yeux s’obscurcissent, ses mouvements perdent de leur légèreté, les nuages débarquent et séparent vos corps. Vous sentez que le vent tourne, que la mer s’agite soudain.


Qu’avez-vous donc encore fait pour détruire ce si bel instant qui vous a réuni quelques secondes plus tôt ? Quel mot, quel geste déplacé a créé cette insupportable distance qui précède les batailles ?


Rien n’y fait, votre cœur se serre, la tension tend vos muscles, vous êtes sur le qui-vive, prêt à affronter la vague qui ne va pas tarder à vous submerger. Pourtant, tout allait si bien, et ce pourquoi tourbillonne dans votre tête.


  • Le chaos qui demande pardon

L’explosion redoutée vous envahit, vous êtes assailli par les remords et chérissez votre moment paisible comme une ancre qui dérive. C’est lui qui vous maintient au large alors que les paroles fusent et vous blessent. L’espérance qu’il revienne sèche vos larmes et votre esprit s’absente pour ne pas affronter la scène.


Si vous pouviez vous souvenir, vous verriez les chaises renversées, les visages déformés, les corps frénétiques qui se jettent dans l’affrontement, inconsolables. Vous vous tenez dans un coin de la pièce, prêt à délivrer mille mots qui apaiseront sa peine. Alors que votre existence n’a plus aucun sens, vous cherchez encore à valider la sienne. Le plus important est que le chaos cesse.


Chaque phrase est un pas pour renouer le contact, pour rétablir un consensus entre vous. Peu importe que vous endossiez la culpabilité, pourvu que les cris ne détruisent plus votre corps.


Alors que la tempête s’apaise, soudain, les nuages vous éclairent. Que s’est-il passé ? « Oui, j’ai dépassé les bornes, mais tu m’y as poussé mon amour. »


Et dans cette spirale, ses mots deviennent les vôtres.


  • Quand soudain, la culpabilité sonne à la porte

Peut-être est ce vrai ? Après tout, j’ai bien dit cette parole, j’ai exprimé mon désaccord à ce moment-là. Et si je l’avais cherché ? Et si je lui avais tendu le bâton pour me fouetter ?


Petit à petit, le doute s’instaure, vous êtes sûrement fautif dans cette histoire de dispute. Preuve en est, ce si beau moment que vous gardez près de votre cœur, n’est ce pas le témoin irréfutable de son affection, l’ultime affirmation que vous ne côtoyez pas un monstre ?


Vous avez dû vous tromper, méprendre la noirceur qui l’a consumé. Quelque chose vous a échappé, c’est certain. Alors, doucement, vous commencez à faire fléchir les murs de votre confiance en vous. Le béton de votre monde s’effrite. Vous vous définissez par rapport à l’autre, et l’autre a toujours raison. C’est vrai, votre entourage ne comprendrait pas à quel point vous le poussez dans ses retranchements, à quel point vous répandez la misère dans votre sillage. Le silence vaut mieux que le jugement. Alors, vous vous accrochez à cette bouée, en attendant le prochain naufrage.



S’affranchir du silence des relations sexuelles non consenties dans son couple


Poser les mots sur un viol intraconjugal

Ce rapport de domination s’exerce de manière cyclique et touche les sphères physiques et psychologiques de votre relation. Le désir s’inscrit dans ce tourbillon d’émotions et le viol apparaît au creux de la tempête. Lorsque le rapport à soi est fissuré, son ressenti est altéré. Vous subissez alors un déséquilibre sensoriel : votre esprit et votre corps se sont séparés, incapables désormais de se réunir.


Pour continuer à vivre ensemble, l’oubli est de mise. Se réveiller et sentir son corps sale, la honte qui s’immisce insidieusement, la crainte aussi de la prochaine étreinte. L’esprit efface, mais les gestes s’ancrent et le corps conserve des souvenirs. Une lutte sans merci s’engage entre le passé et le présent que vous tentez à tout prix de ne pas réunir. Tout va bien, ne cesserez-vous d’affirmer, mais quelque chose, très profondément, s’est brisé.


Les abus quotidiens, ce climat de méfiance et l’envie d’apaiser les tensions culminent dans le silence et l’acceptation passagère. Le sexe n’est plus que la goutte de plus qui détruit votre confiance et finit d’achever l’emprise de votre partenaire. Que ce soit des rapports pendant votre sommeil, des positions sexuelles que vous redoutez, l’envie qui n’est tout simplement pas présente, sachez que vous n’aurez jamais tort. Votre voix existe et a autant de valeur que l’autre personne engagée dans votre couple.


Si votre parole est écrasée et que l’acte est perpétré sans votre consentement, vous êtes face à un viol conjugal. Il n’y a aucun « mais » qui puisse intervenir et aucune excuse, un acte est un acte et lorsqu’il n’est pas désiré par les deux parties, il porte un nom dont il ne faut pas avoir peur.



Échapper à l’insécurité et se reconstruire après un vécu traumatique

Réaliser qu’un comportement n’est pas anodin, reconnaître qu’un rapport sexuel non consenti, même dans un couple, est un viol, constitue le plus grand pas que vous puissiez faire. Donner un nom crée une consistance, une réalité, qui permettra de vous affranchir d’une relation toxique. Aimer son partenaire ne signifie pas souffrir et encore moins se détruire pour lui ou elle. Si vous vous sentez en danger, prenez des précautions, entourez-vous, envisagez un plan de sortie lorsqu’une décision sera prise. Prévoyez et croyez-vous.


Le viol conjugal est de plus en plus reconnu, des oreilles sont à l’écoute de votre histoire et des mains se tendent pour vous aider à vous reconstruire. L’affection brouille souvent les pistes et rend les arguments vaporeux, c’est bien pour cela que ces abus ont mis si longtemps à éclater au grand jour. Aucun amour ne mérite d’être associé à la violence, quelle que soit sa forme. Si votre entourage n’est pas prêt à vous entendre, tournez-vous vers des professionnels qui sauront vous épauler. Les thérapies psychocorporelles sont conçues pour vous permettre de renouer avec votre espace intérieur et soulager les blessures de ce vécu traumatique.



Se réapproprier son corps à la suite d’une agression sexuelle, notamment un viol intraconjugal, demande du temps, de la patience et un accompagnement pour dépasser ses blocages. Pour vous aider dans votre cheminement, découvrez la démarche thérapeutique proposée par Audrey Le Tarnec Thérapeute psycho corporelle à Bayonne, spécialisée en psychotraumatisme et violences sexuelles.


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